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La Gargote des glottes
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15 janvier 2009

Un Pedigree, lecture d'Edouard Baer

Génial : qui relève du Génie.

Génie : Aptitude faisant qu'une personne est capable de créer des choses extraordinaires et nouvelles.

Édouard Baer est à l'affiche d'une lecture d'un livre de Patrick Modiano. Le spectacle s'appelle Un Pedigree.

On connaissait Édouard Baer moulin à parole surréaliste, mais sa performance lors de cette lecture est des plus surprenantes.

Commençons par l'œuvre. Un pédigrée est un livre Patrick Modiano écrit en 2004 dans lequel il retrace une partie de sa vie. Cet homme est né d'un père italien juif et d'une mère belge comédienne.

La religion de son père et le métier de sa mère furent deux faits marquants de sa jeunesse. Le premier car l'auteur a grandi en connaissant son père par deux identités : celle d'Albert Modiano et celle d'Henri Lagroux, nom adopté pour échapper au port de l'étoile jaune pendant l'occupation. L'identité du père a été un des principaux thème de l'œuvre de Patrick Modiano.

Sa mère quant à elle s'occupait de lui par défaut, parce qu'il le fallait. Son métier était ce qu'il y avait de plus important. Aussi le jeune Patrick fut trimballé de ville en ville, de collèges en pensions durant toute sa jeunesse.

La rencontre avec Raymond Queneau, l'ami de sa mère, fut aussi des plus déterminantes quant à l'identité de Patrick Modiano et à son orientation littéraire.
Le troisième fait déterminant de la vie de l'écrivain fut la mort de son frère à l'âge de dix ans.

C'est cette jeunesse là que Patrick Modiano raconte en narrateur désabusé dans son livre. Et c'est à partir de ce livre là qu'Édouard Baer a décidé de faire sa lecture. Il est bon de savoir également que Modiano et Baer sont amis.

A partir de là le spectateur que j'étais avait deux peurs qui le taraudaient: la première c'est que Baer en fasse trop. Qu'il caricature le personnage de Modiano afin d'occuper l'espace et de ne pas laisser s'endormir l'assistance.

La deuxième c'est le contraire, qu'il se contente de lire. Qu'il pense que l'œuvre se suffise à elle même et qu'il craigne qu'on ne le taxe d'en faire trop...

Trouver le juste milieu telle est la difficulté pour les comédiens extravagants comme Edouard Baer.

Première surprise: le lieu. Je m'attendais à un lieu intimiste. J'aurai pensé que pour surnager dans une lecture le comédien miserait sur la proximité avec le public.

Le théâtre des Salins compte plus de 600 places...

Deuxième surprise : la mise en scène. Pour faire vivre un livre on s'attend à quelques petits  « trucs » : des bruits de fond, des jeux de lumière.

La scène ne comporte qu'un bureau et une chaise. Le texte et posé à côté d'une lampe, sur le bureau.

Edouard Baer arrive, pose son imper et commence. Il n'y a aucune mise en scène, aucun décor,

aucun bruitage.

La surprise du chef: le jeu. Sans mise en scène, loin du public. Edouard Baer va devoir en faire des tonnes pour qu'on l'écoute pendant plus d'une heure.

Le comédien concède qu'il ne sait toujours pas s'il doit jouer, dire ou lire le texte.

C'est un peu tout ça....mais en aucun cas une surexposition que cherche Baer. Il le fait en toute sobriété. Et ça marche. Il est juste, presque naïf. Et on l'écoute, on se passionne même pour l'histoire qu'il nous narre. Baer n'en a pas tout le mérite. Le texte y est probablement pour beaucoup.

Alors non cette lecture n'est pas géniale et Baer n'est pas un génie. Il n'a rien inventé là.

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