Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Gargote des glottes
La Gargote des glottes
Publicité
15 janvier 2009

L'Horoscope

a

Blaireau 

Naissance : 19 juin / 18 juillet (période joliment nommée par Fabre d’Eglantine, poète au cou bien rasé, Messidor)

Xavier Darcos, né le 14 juillet 1947.

Soyez les bienvenus, ô grands scientifiques, cartésiens de tout poil, logiciens méthodiques et rationnels, vous qui posez vos exorbités quinquets sur les modestes lignes de cette rubrique. Je ne doute pas un instant qu’en fidèles assoiffés de la parole divinatoire que vous êtes, vous connaissez tous la vieille école… Cancer, Gémeaux, Taureau, et autres désuètes représentations bestiales extraites malgré-elles de leur constellation, n’ont plus de secret pour vous. Il est grand temps que cette basse-cour céleste s’accorde une retraite bien méritée… Place à l’avant-garde astrologique, au dernier cri de la généthliologie, au in de l’art quelque peu sorcier de la prédiction ! L’Avenir, désormais, est ici et il est à vous ! Le Au Bistrot vous offre en exclusivité ce que sera l’horoscope de demain. Sans plus répandre votre écume buccale sur votre clavier ou sur le papier fraîchement imprimé de votre nouveau mensuel préféré, comportement synonyme d’une attente insoutenable, voici le signe du mois de juillet (certes, nous pourrions noter une certaine incohérence entre signe du mois et parution du Au Bistrot, mais cela n’est encore qu’un des nombreux coups de théâtre que vous réservera cette rubrique). Voici le signe du mois de Messidor, voici le Blaireau…Quid du blaireau ?

« Le blaireau cause de vrais dégâts ! » disait, en son temps – lequel temps ne sera pas défini plus précisément par l’indolent et tire-au-flanc rédacteur de cette rubrique horoscopique – le célèbre professeur Hugeau. En effet, fort de sa domination sur l’empire mustélidé, le blaireau mange hardiment de tout – certains cercles de locuteurs auraient certainement préféré le choix d’un terme plus spécifique et auraient opté pour omnivore, d’autres, moins adeptes d’une élitiste lexicographie, auraient choisi plus trivialement l’argotique goinfre. Je laisse là ces linguistiques querelles et préfère la concision et la simplicité à un verbiage importun, fastidieux et barbifiant. Donc je disais, ou plutôt j’écrivais (il faut faire preuve de tact, de précision et d’un grand sens déontologique de la prise de parole) : le blaireau mange tout. Il fait d’affreux ravages dans les plantations agricoles et pose de grands soucis éthiques et humanistes aux charitables chasseurs qui parcourent nos belles forêts domaniales se gonflant les poitrines, non par fierté et narcissisme – lequel serait, diraient de mauvaises langues, la conséquence de l’engageant et cordial calibre 12 qu’il pouponnent affectueusement -, mais par souci d’harmonie et de déférence à Diane et Démeter, respectivement déesses de chasse, et de la terre et des cultures.

Après avoir posé les jalons définitionnels nécessaires à la bonne compréhension de cette rubrique scientifique – car l’horoscope est bel et bien une science ainsi que l’affirmait la grande Elisabeth T, dont je ne suis qu’un simple et obséquieux disciple (gloire à toi Babette) – je peux m’aventurer à prévoir l’imprévisible, tout ce qui touche de près ou de loin à ce signe astrologique troublant.

Je me répète inutilement car comme vous l’aurez certainement compris et noté, perspicaces lecteurs doués d’esprit critique et d’un sens de l’analyse hors du commun (je ne cherche pas par de basses manœuvres à m’attirer une quelconque captatio benevolentia, laquelle ne sera que le fruit de mon harassant travail de rédacteur) que vous êtes, nous allons faire place au Blaireau.

Le blaireau, côté travail, selon mes imprévisibles prévisions, continuera ses ravages ; n’en déplaise aux éplorés chasseurs, aux désespérés et suicidaires agriculteurs et, accessoirement, aux ingrats membres de l’E. N. (corporation secrète subordonnée au Blaireau en chef) autrement appelés, éleveurs de jeunes pousses. Ces gens-là, les derniers cités, chers lecteurs absorbés par ces révélations fracassantes abhorrent,  exècrent le blaireau. Et cette attitude effrontée semble partie pour durer… Le Blaireau effectue et continuera d’effectuer un réel travail de sape. Il réorganise les champs, supprime les zones ensoleillées nécessaires à l’épanouissement des jeunes scions, il chamboule l’organisation des récoltes, il détruit, ravage, ruine, saccage, dévaste et anéantit. Ce comportement pour le moins bestial sera la cause d’une terrible désaffection de ses subalternes (pour la majeure partie d’entre-eux, il ne s’agit pas de mustélidés… faut-il faire partie de la même corporation pour se comprendre et s’entendre ?) laquelle entraînera inéluctablement de nombreux sacrifices. Le blaireau se venge et recrache sa rancœur violemment. Un cycle, voilà la magie de l’astrologie qui s’offre à vous. Gratuitement.

Côté amour, aucune inquiétude. Du fond de leur terrier, le blaireau et sa blairelle – ils travaillent souvent de pair car il faut souligner que le blaireau a suffisamment d’emprise pour agir aux yeux de ses congénères avec un certain népotisme assumé et avoué – s’enflammeront encore pour leur petit minois respectif et dirigeront  encore ce mois-ci (et certainement les autres) l’Inquisition.

La santé du Blaireau n’intéresse aucunement votre zélé chroniqueur et il ne fera donc aucun écho de celle-ci au sein de cette rubrique.

Pour conclure, chers lecteurs, j’emprunterai la voie de l’illustre professeur Hugeau, déjà cité supra. Le célèbre homme disait en son temps : « celui qui ferme un terrier ouvre un champ ! » Au boulot !

Heureusement que les blaireaux ne créent pas de parti politique… Quoi ? Serait-ce déjà fait ? Corporatisme astrologique ? Où est donc passé mon don de trouble vue (à propos de vue, notons que celle du blaireau est très mauvaise ; ceci pourrait expliquer sa pernicieuse et médiocre politique) ? Votre féal chroniqueur concède sa faiblesse et l’étroitesse de ses dons de médium. Il assume sa défaillance et préfère vous saluer bien bas, se retirer cessant ainsi sa logorrhée horoscopique, et vous donner quelques derniers et précieux conseils : si vous êtes du signe du blaireau et que vous ne souhaitez pas être confondu avec d’autres blaireaux (ô combien, je vous comprends !) : changez votre date de naissance ou, tout simplement, ne croyez pas les astrologues (encore moins celui qui a écrit cet horoscope insuffisant et grossier !).

Admirez le courage et l’altruisme de ce conseil qui, une fois révélé, peut être synonyme d’une fin de carrière prématurée pour votre cher et dévoué chroniqueur…

Aliocha K.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité